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Souvenirs : « les vacances »

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Nous poursuivons notre chronique sur la vie des Abadiens dans les années 1950, en évoquant le thème des vacances.

 Dans la rubrique précédente, nous avons indiqué que les Abadiens, agriculteurs pour la plupart à cette époque, ne prenaient pas de vacances. Pourquoi alors y consacrer une rubrique? Parce que, dans ce temps là, l’Abadie était, bien davantage qu’aujourd’hui, un lieu de vacances.

Ce paradoxe s’explique par plusieurs facteurs :

  • Dans l’après 2e guerre mondiale, de nombreux enfants de nos ancêtres paysans renoncèrent à prendre la succession de leurs parents et préférèrent aller travailler et habiter en ville. Cette nouvelle population citadine, généralement de condition modeste, n’avait pas les moyens de « partir en vacances » hors de la région. Ces familles remontaient donc sur notre colline pour prendre leurs quelques semaines de congés payés dans la maison de famille. Il est assez fréquent aussi que leurs enfants passent toutes leurs vacances scolaires d’été à l’Abadie chez leurs grands-parents.

Ces pratiques sont devenues beaucoup plus rares aujourd’hui, car la quasi-totalité des habitations de la colline est constituée de résidences principales, occupées par des actifs travaillant hors du village. L’évolution de notre société ne permet plus aux ménages, sauf minoritairement, de disposer d’un appartement en ville et d’une maison à la campagne.

Depuis quelques années toutefois, le développement de la location de particuliers à particuliers (Airbnb) a pour effet un petit développement des séjours de vacances sur la colline. 

  • Dans les années 1930 – 1940, quelques villas, quelques maisonnettes et des cabanons, avaient été construits pour un usage de villégiature ou de week-end. Des gens de toutes conditions sociales venaient profiter des charmes de la colline, encore peu urbanisée.

Parmi eux des célébrités, tels Fernand Clare, chef d’orchestre réputé, chez qui séjourna la grande Joséphine BAKER (témoignage fourni par Mme GAVACHE, l’actuelle propriétaire de cette villa hôte, baptisée à l’origine DO-MI-SI-LA-DO-RÉ). Mentionnons aussi la famille NOMANI, à la tête d’une grande société nationale de produits d’entretien, qui aménagea la première piscine de notre village au quartier du Broch supérieur.

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Que faisait-on pendant les vacances? Il faut rappeler qu’en ce temps-là, l’Abadie ne possédait pas d’équipements sportifs ou socioculturels. Les activités collectives de loisir se limitaient au cinéma en plein air, deux fois par semaine et au club bouliste, le dimanche (cf. rubrique précédente). Dans certains hameaux le soir, dans la fraicheur de la nuit, jeunes et moins jeunes, hommes et femmes, jouaient amicalement à la pétanque.

Seule la fête patronale de Ste Claire offrait aux estivants, pendant cinq journées, des divertissements variés : bals, spectacles, jeux pour enfants, concours de boules et de cartes. Le reste du temps, nos vacanciers le consacraient essentiellement au repos et à la détente. Certains donnaient un coup de main à leurs parents agriculteurs, d’autres s’adonnaient au bricolage ou aux travaux d’entretien de la maison.

Les plus actifs étaient sans aucun doute les enfants et adolescents, qui retrouvaient avec joie leurs cousins et leurs copains et copines. Ils jouaient en général dans leur hameau, mais ils se déplaçaient souvent, à pied ou à vélo, dans d’autres hameaux de la colline pour rencontrer des compagnons de jeux.

Souvenirs personnels : enfants, nous quittions presque tous les après-midi le hameau du Saut de Millo, où avec ma sœur nous résidions chaque été chez nos grands-parents, pour accompagner les chèvres de la famille Bermond, toutes heureuses de brouter à leur guise dans la garrigue, pendant qu’avec Jeannot et Dédé Bermond nous gambadions dans les sentiers et les ravines, ou érigions des cabanes en pierres. Parfois nous allions jusqu’au hameau de Bordinas pour des parties de foot avec les jeunes de ce quartier.

Adolescent, je descendais tous les jours jusqu’aux Ardoins pour disputer chez les frères PAZZAGLIA des parties de pétanque et de belote jusqu’à la tombée de la nuit.

Plaisirs simples mais souvenirs inoubliables (lisez ou relisez « La gloire de mon père » de Marcel Pagnol). Puissent nos jeunes Abadiens d’aujourd’hui et de demain être aussi heureux que nous l’avons été.

 

D.S